Se reconvertir fait appel à tout un processus de prise de décision : décider de se reconvertir, décider de la voie à prendre, décider du moment pour switcher, etc…
Malheureusement, quand il s’agit de prendre des décisions notre cerveau est influencé par tout un tas de biais cognitifs.
Et ces biais peuvent nous empêcher de prendre les bonnes décisions.
Je vous propose donc de décrypter ces biais cognitifs qui vous empêchent de prendre la bonne décision pour votre projet professionnel.
Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
D’après Jean-François le Ny, psychologue spécialisé dans la cognition : « Un biais est une distorsion (déviation systématique par rapport à une norme) que subit une information en entrant dans le système cognitif ou en sortant. Dans le premier cas, le sujet opère une sélection des informations, dans le second, il réalise une sélection des réponses ».
Vous le savez, nous prenons des décisions à partir d’informations récoltées. Vous comprendrez donc vite que les biais cognitifs peuvent avoir un fort impact sur votre prise de décision.
Se reconvertir n’est pas une décision à prendre à légère. Il est donc important d’avoir pleinement conscience de ces biais.
Je vous propose de découvrir tout de suite 8 biais cognitifs qui pourraient avoir un impact négatif sur votre prise de décision professionnelle.
Je cite volontairement les 8 biais que je rencontre le plus chez mes coachés, mais si vous souhaitez une liste plus élaborée de biais, découvrez ici 30 biais cognitifs.
8 biais cognitifs qui vous empêchent de prendre les bonnes décisions
1. Le Biais d’attention
Le biais d’attention consiste à porter son attention sur ce qui vous intéresse ou vous préoccupe.
Vous vous coupez donc d’une partie d’informations que vous jugez sans valeur.
Le problème de ce biais d’attention est qu’il peut vous faire passer à côté de certaines pistes qui vous conviendraient bien.
Prenons un exemple que je vois souvent :
Vous n’êtes pas bien dans votre job actuel. Vous portez toute votre attention sur le fait qu’il faut que vous vous reconvertissiez. C’est l’unique solution possible pour vous.
Vous allez alors porter toute votre attention sur des pistes pour vous reconvertir. Par conséquent, vous n’allez même pas envisager de faire le même poste en changeant « simplement » d’environnement (dans un nouveau secteur, à votre compte…).
Alors que cette option de changer d’environnement est peut-être ce dont vous avez justement besoin.
Pour contrer ce biais d’attention, entraînez-vous à brainstormer.
Soyez curieux. Explorez vraiment toutes les pistes, même celles qui à première vue ne vous intéressent pas forcément.
2. Le Biais de récence ou primauté
Ce biais consiste à s’arrêter à la première information reçue ou la dernière en date.
Ce biais est très impactant quand vous décidez de suivre les conseils de quelqu’un.
Par exemple, votre cousin vous dit : « Ah pour se reconvertir dans tel domaine, c’est forcément tant d’années d’étude et le secteur est bouché. » Vous prenez alors cette information pour vraie. Et vous allez baser votre décision sur celle-ci.
Quand vous prenez votre décision, vous oubliez alors que si ça se trouve quelques mois plus tôt quelqu’un vous avez tenu un autre discours.
Il est donc important de prendre en considération les informations les plus récentes, mais également celles antérieures.
Ne vous arrêtez pas à une seule source d’information. Allez toujours confronter ce que l’on vous dit ou ce que vous lisez à d’autres sources.
Ce travail est particulièrement important quand vous allez investiguer en détail les pistes professionnelles qui pourraient vous plaire.
3. Le biais d’ancrage
Le biais d’ancrage est lié à une information que vous jugez comme référence.
Par exemple, si vous rencontrez quelqu’un qui vous dit que le métier de naturopathe gagne 1000eur/mois, vous allez prendre ce salaire comme référence. Par la suite, si quelqu’un vous dit qu’il gagne plus, vous vous direz aalors qu’il réussit super bien.
Alors que si ça se trouve, c’est la base de 1000eur que vous vous étiez mis en référence, qui est mauvaise.
Ce biais d’ancrage peut donc vous jouer des tours quant à la préparation financière de votre transition. Que ce soit au niveau des tarifs de formation ou bien du salaire au démarrage.
Si vous cherchez un poste de salarié, ce biais d’ancrage peut également vous jouer des tours dans vos négociations salariales.
Enfin, ce biais d’ancrage peut également vous jouer des tours quant à vos réels besoins.
Par exemple, vos parents vous ont peut-être ancré qu’un niveau de vie correct nécessitait un salaire mensuel de 70 keur. Mais est-ce vraiment la bonne référence à prendre ?
C’est pour cela qu’il est important une fois de plus de bien varier vos sources d’informations. Plus vous aurez de sources, plus votre référence sera fiable.
4. Le Biais d’engagement
Le biais d’engagement consiste à rester dans une situation où on est engagé pour ne pas avoir l’impression d’avoir perdu son temps ou son énergie.
Ce biais peut donc vous jouer plusieurs tours.
Le premier : retarder votre reconversion. Par exemple, vous vous dîtes que vous n’allez pas changer de voie maintenant alors que vous avez fait 5 années d’étude ? Ou bien vous n’allez pas changer d’entreprise parce que vous venez d’arriver dans cette nouvelle entreprise ?
Le deuxième : persévérer dans un changement de voie qui ne vous conviendrait pas.
On peut se tromper de voie, il n’y a pas de problème.
Le plus important c’est d’en prendre conscience et de se réajuster.
Cela ne sert à rien de s’obstiner dans une voie par peur d’avoir perdu du temps ou de l’énergie.
Plus vite vous vous réajusterez moins vous gaspillerez d’énergie justement.
Pour cela, prenez le temps de prendre régulièrement du recul sur votre quotidien.
Et quand vous ne vous sentez pas à votre place, posez-vous la question : « Pourquoi est-ce que je n’en bougerai pas ? »
Si c’est parce que vous vous sentez engagé sur votre place actuelle, c’est qu’il est peut-être temps de s’en désengager !
Une citation un peu provocante que j’adore : « Si tu n’aimes pas l’endroit où tu es, bouge, tu n’es pas un arbre ! »
5. Le biais de confirmation
Ce biais consiste à ne prendre en compte que les informations qui confirment ce que vous avez envie de penser.
Par exemple, si vous vous dites qu’entreprendre est trop compliqué, vous n’allez écouter que ceux qui confirment cette pensée.
Un autre exemple que j’entends souvent : « En tant que jeune maman, il mee faut une situation stable. » Vous n’allez donc écouter que les personnes qui vous confirment cela. Et vous allez ainsi rester inconfortablement sur ce poste que vous n’aimez pas, mais qui est en CDI et bien rémunéré.
Pour se défaire de ce biais, il est important de prendre conscience de vos croyances que vous cherchez à confirmer pour vous rassurer.
Puis, essayez de voir s’il ne serait pas possible de trouver des contre-exemples.
Cherchez à désinfirmer ces informations pour vous ouvrir l’esprit sur de nouvelles opportunités.
Pour aller plus loin sur vos croyances limitantes, je vous invite à lire mon article : « Comment se débarrasser de ses croyances limitantes ? »
6. Le biais de conformisme
Le biais de conformisme est très connu : il s’agit d’agir comme les autres le font.
L’homme a un fort besoin d’appartenance. Par défaut, il cherchera donc toujours à rentrer dans les « cases » qu’on attend de lui.
Pour ma part, j’ai fait une école d’ingénieur par biais de conformisme. C’était la « voie royale » pour « réussir dans la vie ».
Heureusement, j’ai fini par prendre conscience de ce biais et prendre la voie qui était vraiment celle qui me correspondait.
Pour se défaire de ce biais, prenez du recul sur votre situation actuelle et posez-vous les questions :
- « Que ferais-je si je n’avais aucune contrainte de temps, d’argent ? »
- « À quoi ressemblerait ma vie idéale ? »
- « Qu’est-ce qui m’empêche d’atteindre cet idéal? » Si c’est la peur du regard des autres, ou bien « il faut que… / Je dois… » c’est que vous souffrez sûrement du biais de conformisme.
Partez alors à la recherche d’exemple de personnes qui n’ont pas suivi cette conformité.
Essayez de vous créer un nouveau référentiel de conformité. Celui qui vous correspondra vraiment.
7. Biais d’optimisme
Le biais d’optimisme est la tendance à laisser couler les choses par optimisme.
C’est très bien d’être optimiste, mais attention à ne pas vous convaincre qu’une situation vous convient alors que ce n’est pas le cas.
Souvent les choses ne changent pas d’elles-mêmes. Il faut passer à l’action pour que les choses s’améliorent.
Alors si vous vous dîtes : « je suis mal dans mon job, mais… j’ai un CDI confortable » ou « …mais y a pire dans la vie… »
Essayez de voir si votre optimisme ne vous empêche pas d’avancer vers une situation meilleure.
Si c’est le cas, utilisez votre optimisme pour vous persuader qu’une alternative meilleure est possible !
Attention tout de même à mettre du réalisme dans cette alternative pour ne pas faire un choix trop optimiste et irréaliste. 😉
8. Effet Barnum
Cet effet est le principe d’accepter une description généraliste de sa personnalité comme vous correspondant réellement.
Ce biais a lieu, par exemple, quand vous décidez de suivre votre horoscope sans vous poser de question. Ou bien choisir une voie après avoir passé un test de personnalité, sans remettre en question la case dans laquelle vous avez été rangé.
Avec ce biais, vous préférez en fait remettre votre choix à une décision extérieure à vous.
Attention, vous êtes le seul à pouvoir décider du meilleur choix pour vous.
Ne suivez pas bêtement les conseils d’un test de personnalité ou bien de votre horoscope.
Confrontez ces tests à ce que vous voulez vraiment.
La seule vérité absolue est en vous !
Voilà, on a fait le tour des 8 biais qui pourraient vous empêcher de prendre de bonnes décisions pour votre projet professionnel.
Vous l’aurez compris, pour combattre ces biais, tout résidera dans votre ouverture d’esprit.
Soyez curieux, explorez toutes les pistes, remettez en question vos certitudes.
Plus vous ferez un travail d’introspection approfondi plus vous prendrez les meilleures décisions pour vous reconvertir.