Ce mois-ci, j’ai eu le plaisir d’interviewer Geoffrey Dieffenbach sur sa reconversion de la bio à l’informatique.
Dans cette interview vous découvrirez pourquoi il a repris ses études, les difficultés qu’il a rencontrées pour se reconvertir et ses conseils pour vous reconvertir.
Si vous le souhaitez, vous pouvez également retrouver l’intégralité de notre conversation sur ma chaîne Youtube.
Geoffrey, quel est ton parcours ?
J’ai voulu commencer à travailler très tôt.
Alors, après un BTS en biotechnologie, j’ai cherché un travail.
Avec l’aide d’un ami, j’ai trouvé un travail en tant que technicien de laboratoire pour de la recherche sur des traitements, à Paris.
J’ai fait un an et demi.
Puis j’ai travaillé à l’Institut Gustave Roussy (centre de recherche contre le Cancer) pendant un peu plus d’un an également.
Dans cet institut, j’avais des collègues qui travaillaient dans la bio-informatique.
Ce côté informatique m’avait toujours attiré.
Au Lycée j’avais d’ailleurs hésité entre faire du labo ou de l’informatique et la bio-informatique c’est justement un mélange des deux.
Suite à cette expérience, j’ai rechangé d’institut.
Et étant assez déçu de mon quotidien en laboratoire, je suis rentré une longue réflexion pendant un peu plus d’un an.
Je cherchais à savoir si je lâchais le métier de technicien de laboratoire pour la bio-informatique ou non.
J’ai un ami qui avec l’aide de Pôle Emploi avait pu reprendre ses études pour se reconvertir.
Ça m’a donné envie de faire pareil.
J‘ai ainsi pu intégrer un Master de bio informatique et bio statistique, en faisant un VAP 85 (validation des acquis professionnels) avec mon expérience en laboratoire.
Après avoir travaillé 5 années, ça n’a pas été facile de reprendre les études pour 2 années.
Cela m’a fait un choc de me retrouver avec des étudiants plus jeunes et qui n’ont jamais travaillé.
Et il a fallu se remettre à la prise de notes, les cours, les devoirs, les partiels…
En parallèle, j’avais un projet de vie de déménager de Paris pour la Bretagne avec ma compagne.
J’ai trouvé un stage à côté de Rennes, donc c’était parfait !
J’ai obtenu mon master et là, il a fallu trouver du travail.
Ça a été très compliqué, car le marché de l’emploi était très favorable quand j’ai commencé le master, mais 2 ans après, c’était moins le cas…
Et sur Rennes, il y avait des offres pour des profils expérimentés, mais peu pour des débutants.
Au bout de 6 mois, n’arrivant pas à trouver un job tout de suite en bio-informatique, je me suis dit que j’allais chercher en technicien de laboratoire dans un premier temps.
Malheureusement, il y avait également peu d’offres. La majorité des postes étaient pourvus par bouche-à-oreille.
Et venant d’arriver sur Rennes, je n’avais pas de réseau…
Je n’ai donc pas non plus réussi à trouver un poste en tant que technicien de laboratoire.
Donc pendant presque un an, je n’ai pas travaillé et je cherchais du travail.
Pôle emploi m’a suggéré une formation de 3 mois en développement informatique. Cette formation avait l’avantage de nous mettre en relation avec des entreprises.
J’ai trouvé l’opportunité super !
J’ai donc suivi cette formation, mais finalement pour ma promotion, pour la première fois, il n’y avait pas d’entreprises partenaires à la fin…
L’école essayait de nous aider dans notre recherche en tant que développeur, mais ça ne donnait rien non plus.
Mon profil étant atypique avec mon master en bio-informatique, les recruteurs voyaient le mot « bio » et ne voyaient pas le lien avec le métier de développeur.
J’ai passé beaucoup d’entretiens et à chaque fois on me disait qu’on ne connaissait pas mon master, et qu’il y avait plein de jeunes avec des masters plus connus et moins chers.
Par hasard, on m’a chassé pour un job de testeur dans l’informatique.
Ayant besoin d’un job, j’ai accepté l’entretien.
Et ça a super bien matché avec la recruteuse. Elle m’a donc prise, car elle aimait ma personnalité et n’avait pas peur de mon profil de reconverti.
J’étais donc super content. Ça faisait un bout de temps que je n’avais pas travaillé !
J’ai fait les 2 années de formation, puis un an et demi de recherche d’emploi, donc financièrement, il me fallait vraiment un job au plus vite.
Puis de fil en aiguille, j’ai évolué, et je suis devenu un profil très recherché.
Aujourd’hui, je reçois des propositions de job quasi tous les jours.
Je suis devenu tech lead dans l’automatisation. Donc toujours dans le test, mais avec une composante de développement.
Est-ce qu’on peut revenir sur le moment où tu as quitté ton job en laboratoire. Comment avais-tu prévu de gérer ta transition ?
Il y a très peu de CDI en laboratoire, donc j’avais enchaîné les CDD.
Quand mon dernier CDD s’est terminé, je me suis dit que c’était l’opportunité pour reprendre mes études.
Donc quand j’ai repris le Master, Pôle Emploi m’a permis de toucher mes allocations chômage au titre de ma cotisation professionnelle que j’avais fait. Ils ont un programme spéciale pour ces cas-là.
Et ensuite lors de mon stage de fin d’études, mon employeur avait accepté de me faire un CDD.
Ensuite, 8 mois après le Master, je n’avais plus d’allocation et Pôle Emploi m’a proposé une POEC (préparation a l’emploi collective) payée par eux.
Je me permets aussi de préciser que j’étais avec ma compagne, du coup on avait deux revenus, donc c’est plus sécurisant.
Et comment avais-tu planifié ta transition ?
J’étais fatigué du laboratoire.
L’ambiance de travail n’était pas top.
Je travaillais énormément pour un salaire pas très élevé et zéro reconnaissance.
Le labo c’est également très vite répétitif. J’avais l’impression d’être bloqué intellectuellement.
Et comme j’avais un ami qui s’était lancé dans une reconversion. Ça m’a permis de réaliser que c’était possible.
Je me suis donc renseigné sur comment me reconvertir.
J’ai fait toutes les démarches pour m’inscrire au Master.
Du coup après une année de préparation, tout était bien planifié pour me lancer !
Comment as-tu fait pour persévérer dans ta recherche d’emploi qui a été très longue ?
J’ai essayé d’être le plus optimiste possible.
J’avais fait 2 ans de master, j’avais déménagé, je ne voulais pas que ce soit pour rien.
Financièrement, c’était dur, mais je n’étais pas non plus à la rue, grâce aux cotisations de Pôle emploi.
J’ai persévéré 6 mois pour trouver un job dans la bio-informatique. Puis, j’ai voulu appliquer le plan B pour revenir en labo.
Je dois t’avouer que par moment j’étais usé de me prendre des refus.
Il y a eu une période d’ailleurs où j’ai lâché.
J’essayais de m’occuper de moi, de la maison, de faire autre chose.
Mais il y avait toujours cette quête d’emploi qui m’occupait l’esprit.
Avec du recul, je n’ai pas réussi à faire cette reconversion dans la bio-informatique.
J’ai dû lâcher le côté bio et me concentrer uniquement sur le côté informatique.
Ça fait maintenant 10 ans que j’ai arrêté de faire de la bio.
Le côté bio me manque un peu par moment.
Mais quand je prends du recul, j’ai tellement gagné en qualité de vie, que je n’ai pas de regret.
Comment te sens-tu aujourd’hui ?
Faire du test était assez répétitif, mais j’ai persévéré pour pouvoir faire de l’automatisation.
Ça m’a pris 2-3 ans pour y arriver, mais maintenant j’y suis bien !
J’ai aussi un rêve enfoui de faire de la photo. Mais étant père célibataire, pour le moment je ne suis pas prêt à recommencer de 0 et prendre des risques financiers.
On verra ce que l’avenir nous réserve ! 😉
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se reconvertir ?
- Ayez une sécurité financière
- Sachez ce que vous souhaitez faire et étudiez bien le marché
Je savais très bien ce que je voulais faire, mais je n’avais pas anticipé l’évolution du marché. Donc essayer de bien connaître le marché recherché. Pour être sûr qu’au bout du chemin il y ait un travail.
- Ayez le courage de vous lancer
J’étais terrifié de tout lâcher pour reprendre les études. Mais je savais pourquoi je le faisais et c’est ce qui m’a permis d’avoir le courage d’avancer.
Que peut-on retenir de la reconversion de Geoffrey ?
1. L’entourage est clé pour se pousser vers le haut
Geoffrey ne se serait peut-être pas reconverti si un de ses amis ne lui avait pas montré que c’était possible. Être entouré de personnes qui ont la même dynamique que vous ou qui vous poussent vers le haut est vraiment important. Et c’est pour cela d’ailleurs que je propose le programme Rand’Ose ta Carrière en coaching collectif. La dynamique de groupe vous aide à vous dépasser.
Et si vous souhaitez développer votre réseau lisez mon précédent article sur le sujet : « Comment développer son réseau ? »
2. Il n’y a pas d’échecs que des apprentissages
Finalement, la reconversion de Geoffrey ne se sera pas passée comme prévu. Mais il a su rebondir, et s’adapter à la demande. Le chemin vers une vie professionnelle plus épanouissante peut être long. Le principal est de constamment se relever et adapter sa trajectoire au besoin.
3. Anticiper au maximum sa transition est important
Je ne le répéterai jamais assez. Une reconversion réussie est une reconversion préparée. Geoffrey a su prendre toutes les précautions financières (Aide de Pôle Emploi, support du salaire de sa compagne…) pour pouvoir effectuer sa reconversion sans risque d’être à la rue. Je vous invite d’ailleurs à lire mon précédent article : « Comment gérer financièrement sa transition ? »
Un autre point à anticiper est le marché sur lequel vous souhaitez évoluer. Est-il bien porteur ? Les profils en reconversion sont-ils bien accueillis ?