Ce mois-ci, j’ai eu le plaisir d’interviewer Caroline Giroud sur sa reconversion en tant que consultante patrimoniale.
Son métier consiste à aider des personnes à trouver et mettre en place des solutions pour : optimiser leur fiscalité, préparer leur retraite, obtenir des revenus complémentaires, protéger leurs proches, préparer la transmission
Dans cette interview vous découvrirez comment elle a trouvé sa voie, les difficultés qu’elle a rencontrées lors de sa transition professionnelle et ses conseils pour vous mettre à votre compte.
Si vous le souhaitez, vous pouvez également retrouver l’intégralité de notre conversation sur ma chaîne Youtube.
Raconte-nous un peu ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Mon Bac en poche, je suis partie vivre en Angleterre et en Espagne.
À mon retour, j’ai intégré une école de commerce et effectué quelques années d’études à l’université, testé des petits jobs puis une première carrière si je peux ainsi dire (12 ans dans une seule entreprise et 2 jobs dont le dernier dans la com’).
Il y a quatre ans, j’ai tout quitté pour devenir Gestionnaire de Patrimoine.
Pourquoi est-ce que tu as tout plaqué ?
Un jour, j’étais assise dans mon open space et j’ai regardé toutes les personnes présentes.
On était une petite dizaine ce jour-là et je me suis dit : « mais qu’est-ce que tu fais là ? »
Ça n’allait pas. Je ne me sentais pas heureuse, pas épanouie.
Ça faisait 2-3 ans que j’avais cette nouvelle activité dans le domaine du marketing et de la communication.
Je ne me trouvais pas utile. Mon métier ne faisait pas sens. La reconnaissance était inexistante.
Je n’étais pas non plus alignée avec qui j’étais et qui je voulais être.
C’est cela qui m’a poussée à quitter mon CDI doré avec mes 12 semaines de vacances.
Après se dire cela, ok, bravo mais pour quoi faire ???
J’ai mis 2 ans à trouver ma voie : j’ai fait des recherches, j’ai rencontré pas mal de personnes avec qui j’ai échangé, j’ai lu beaucoup de livres (biographies et autobiographies), je m’intéressais à d’autres parcours.
C’est lors d’un bilan professionnel effectué avec l’APEC que j’ai trouvé ce qui pouvait vraiment me plaire, un métier qui cochait plusieurs cases et répondait à de multiples objectifs de vie perso et pro : le conseil patrimonial.
J’avais décidé entre temps que je ne voulais plus de patron et après avoir échangé avec une personne de ce domaine : je me suis dit « Banco, je me lance dans un métier où je n’y connais rien et en tant qu’indépendante »
Et comment s’est passée ta transition pour changer de job ?
Ma période de transition/de concession a duré 1 an.
Je travaillais 70 heures par semaine (accumulation de 2 jobs). Mon conjoint m’a soutenue dans ce revirement à 360° et heureusement. Nous avions 2 bébés qui avaient aussi besoin de moi.
J’avais tellement envie d’une nouvelle vie que j’ai trouvé l’énergie, la force de tout concilier.
L’idée durant cette année, c’était de savoir si le conseil en constitution et gestion patrimoine me plaisait, si j’étais faite pour çà et si j’allais pouvoir en vivre.
Durant cette année, j’ai appris, j’ai découvert, j’ai testé, j’ai regardé, je me suis formée, j’ai rencontré des tas de personnes, j’ai eu des clients, j’ai proposé à d’autres personnes de faire mon métier. Bref, je ne me suis pas ennuyée.
Avoir pu faire cela en double activité, je le recommande à toutes et tous.
Cela demande de l’investissement mais tu gagnes du temps et surtout tu ne perds pas d’argent.
A la fin de cette année, je me suis dit : « C’est bon, ça me plaît, je veux faire ça ! »
Une fois ma décision prise, il a fallu convaincre mon employeur de quitter mon emploi via une rupture conventionnelle. Il ne m’a pas du tout facilité les choses…mais j’y suis arrivée. La persévérance est la clé de tout.
Et justement, quelle est, selon toi, cette chose qui a fait que tu as eu le courage de sauter le pas ?
1/ Un ras-le-bol général du salariat
Quand tu regardes les statistiques, aujourd’hui, on a soif de reconnaissance.
Je trouve de manière générale que les entreprises ne sont pas très souples (le télétravail fait encore débat et je ne comprends pas pourquoi).
Nous sommes dans une société où nous avons besoin de liberté et l’entreprise française ne sait pas s’adapter à cela.
Regardons tous les burn-out, bore-out et autres appellations qui signifient le mal être en entreprise.
A côté de cela tu as beaucoup de personnes qui ne veulent plus bosser, le sens du travail a évolué pour laisser place à une vie de plaisir, de liberté très tournée vers soi. C’est compliqué.
Mon entreprise pour laquelle j’étais salariée : il fallait toujours tout négocier. Toujours aller prouver que « tu étais capable de » afin d’obtenir la fameuse prime de fin d’année que je n’ai jamais eu.
Très tournée diplôme et non récompense ou évolution au mérite. Irrespect d’autrui, j’en passe et des meilleurs.
Mes propres valeurs étant touchées, je ne pouvais plus rester dans cet univers considéré comme toxique et négatif.
Et si je devais résumer : le rythme métro/boulot/dodo est une sorte de spirale infernale.
2/ Pour mes enfants
Je me suis dit : « je veux qu’ils aient une maman heureuse » et je ne l’étais pas.
L’avantage après les grossesses et l’allaitement, c’est que les hormones apportent beaucoup d’énergie.
Je me sentais comme Wonder Woman sans en avoir réellement conscience.
3/ Pour le salaire
Lorsque tu es salariée, il y a le fameux plafond de verre.
Je me disais : « peu importent les heures que tu vas faire, tu auras toujours ce plafond. Il va falloir évoluer vers des postes de direction pour atteindre un niveau de salaire plus confortable mais, la vie de ces directeurs ne me faisait pas rêver, tous divorcés ou séparés, leurs journées à rallonge. No thanks ».
Dans ton bilan, il y a un exercice qui a été genre la révélation pour te dire « mais c’est ça que je veux faire » ?
Lorsque la personne de l’APEC m’a dit que je pouvais changer totalement de voie à 34 ans, je me suis dit génial.
Cependant, je croyais qu’il fallait être jeune pour effectuer le métier de conseiller en gestion de patrimoine.
J’étais persuadée que je devais forcément être salariée pour que les banques me façonnent à leur manière.
C’était un prof de finance qui m’avait susurré cela mais il n’avait pas totalement raison ;-).
Je pouvais exercer ce métier en tant qu’indépendante et sans avoir d’expérience au départ.
Pour résumer : je n’avais rien à perdre, que des choses à gagner.
J’ai assisté à une journée de présentation qui pour ma part a changé ma vie.
J’ai un métier d’utilité publique, j’ai la reconnaissance au niveau de mon réseau et de la part de mes clients. Je définis ce que je veux gagner et je mets l’énergie qu’il faut pour y arriver chaque année et ce depuis 3 ans.
Je me sens libre de travailler lorsque je le souhaite.
Je n’aurai jamais imaginé avoir tout ce que j’ai aujourd’hui il y a 4 ans.
C’est un point qui intéresse beaucoup mes lecteurs : comment tu as géré du coup cette transition financière ?
La première année où j’étais en transition était une année de test que j’effectuais en parallèle de mon job : j’ai préparé le terrain.
Cette préparation m’a permis de doubler ma rémunération de chef d’entreprise ma première année à temps plein. J’ai explosé les stats !
Quand j’ai quitté mon job, il y avait les charges fixes à payer et 4 bouches à nourrir.
Je me suis mis une certaine pression pour y arriver. J’étais très déterminée.
Et il n’y a pas de mauvaises surprises, quand on est déterminé, les résultats paient.
Et si on revient sur le métier de conseiller en gestion de patrimoine. Comment est-ce que tu t’es formée ?
J’avais plusieurs moyens : école de commerce avec une option Master 2 en gestion de patrimoine : 14 000 euros à débourser. Tu apprends, tu as le diplôme mais pas d’expérience => une perte de temps pour moi.
J’ai choisi de faire partie d’un réseau qui a une école interne et qui propose des formations de qualité habilitées par l’Etat (Immobilier, Financement, Placements financiers) pour 900 euros (ça change !).
En parallèle, je suis allée en rdv clients et j’ai suivi des formations terrain/techniques/commerciales gratuites et délivrées par des consultants en gestion de patrimoine experts dans leur domaine.
En gros, c’est une alternance haut de gamme 😉
Après un an, j’ai pu aller seule à tous les rdvs clients. C’est assez rapide mais il fallait travailler, étudier et être régulière.
Ce sont les rendez-vous clients qui t’enrichissent le plus, développent ton expérience, tes compétences et connaissances. Schéma à l’anglaise ou à l’américaine auquel je crois.
Si un lecteur avait envie de se reconvertir en conseiller en gestion de patrimoine ?
Pour te reconvertir en tant que conseiller en gestion de patrimoine, tu n’as pas besoin d’avoir ton bac ou d’avoir fait des années d’études.
Tu dois avoir envie de travailler, il faut aimer les chiffres, avoir envie d’entreprendre, d’apprendre un nouveau métier, aimer et vouloir aider les gens.
Il faut te demander ce que tu es prêt ou prête à changer dans ta vie et tu auras aussi ta réponse.
Dans le réseau dont je fais partie, il y a de la bienveillance, de l’entraide, du partage. Je pense qu’aujourd’hui, on a tous besoin de ça.
Et pour finir, quels conseils tu donnerais à quelqu’un qui veut passer justement du salariat à son compte ?
1/ Ne pas se poser trop de questions
Comme aurait dit Jean-Claude Duss dans Les Bronzés font du ski : Oublie que tu n’as aucune chance, vas-y, fonce.
Cette phrase, je la répète assez souvent. Il ne faut pas se poser trop de questions.
À un moment donné, si on a envie d’y aller, on n’a qu’une vie.
Des jobs de salariés, tu en as partout, tu en as plein. Ils peuvent attendre. L’indépendance, c’est quand même plus sympa à vivre.
2/ Mais un peu quand même !
Aujourd’hui, on court, on court, on court tellement en tant que salarié.
On ne prend jamais de recul sur sa propre vie, sur ce qu’on veut être.
Je parlais d’alignement, une question à se poser : est-ce que je suis aligné(e) avec qui je suis et qui je veux être ? Si la réponse est « oui », tu y vas.
On n’a vraiment qu’une vie. On peut mourir demain, se faire écraser. Tu peux avoir une crise cardiaque. Tu peux avoir plein de choses qui se passent dans ta vie. Autant la vivre pleinement.
Je pense également que nous vivons une fin de cycle et qu’un renouvellement est en marche.
Le monde de l’entrepreneuriat va se développer de plus en plus, parce qu’il y a vraiment un ras-le-bol au niveau du salariat. Je le sens de plus en plus au travers des clients que j’accompagne.
Les gens ont besoin de parler, d’être écoutés : mes rendez-vous prennent plus de temps maintenant : une demi-heure de plus qu’il y a quatre ans.
Bref, ne reportez pas au lendemain ce que vous pouvez faire la veille et lancez vous.
Vous souhaitez retrouver Caroline et échanger avec elle sur reconversion, le métier de consultante en patrimoine ou lui demander des conseils pour la gestion de votre patrimoine ? Retrouvez-la sur LinkedIn.
Que pouvons-nous retenir de la reconversion professionnelle de Caroline ?
Être déterminé est clé pour réussir sa reconversion
Si la reconversion de Caroline en consultante patrimoniale est un succès, c’est grâce à sa détermination. Dans presque toute reconversion, il y a des sacrifices à faire durant la transition. C’est votre détermination qui vous permettra de passer outre ces sacrifices. Et rappelez-vous une ou deux années de transition, ce n’est rien à côté de dizaines d’années de plaisir au travail. Et si la transition financière vous fait peur, n’hésitez pas à lire mon article : Comment gérer financièrement sa reconversion ?
Prenez le temps de vous poser les bonnes questions
Aujourd’hui la vie défile, on ne prend pas souvent le temps de se poser pour savoir si nous menons vraiment la vie qui nous correspond le mieux. Prenez le temps de faire des pauses pour prendre du recul sur votre vie et vous assurer que vous n’aurez pas de regret en fin de vie.
Pour vous aider dans vos réflexions, je ne peux que vous inviter, si ce n’est pas déjà fait, à télécharger les 5 questions essentielles à se poser pour trouver votre job idéal.
Certaines reconversions sont plus simples qu’on y pense, renseignez-vous !
Caroline n’aurait jamais envisagé une reconversion en conseiller en gestion de patrimoine, car elle pensait que c’était inaccessible. Avant de vous fermer des portes, investiguez-les. Souvent certains métiers sont beaucoup plus faciles d’accès qu’on ne pense.